Mushin no Ryu, un dojo perpétuant le Katori shinto Ryu
Forts d'expériences martiales diverses, les fondateurs du Mushin no Ryu ont décidé de construire leur pratique et leur enseignement des arts martiaux sur les principes fondamentaux issus de l'école de Katori. En effet, si diverses traditions existent, présentant chacune leurs spécificités et intérêt, c'est la base du Katori shinto Ryu qui eut la plus grande influence sur l'ancrage technique, la structuration corporelle et la transmission mémorielle au sein du Mushin no Ryu.
Fondée au XVe siècle aux alentours de 1447, la Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū Mokuroku Heiho no Shinsho enseigne une méthode destinée aux combattants du Japon médiéval. Des champs de bataille de l'époque du Sengoku au Japon moderne post-Edo, de la restauration Meiji à l'après seconde guerre mondiale, jusqu'au XXIe siècle, l'école a perpétué sa voie. Celle-ci s'est bien évidemment transformée au gré des évolutions contextuelles, mais en tant que koryu, ce sont près de six-cent ans de tradition martiale qui sont aujourd'hui à portée de sabre.
La spécificité de l'école réside sans doute dans la diversité des disciplines enseignées. Ce ne sont pas moins de neuf armes qui sont traitées par les instructeurs de Katori. Il s'agit de l'art du sabre (kenjutsu), de dégainer (iaijutsu), du bâton long (bojutsu), de la hallebarde de guerre (naginatajutsu), du sabre court (kodachi), des deux sabres (ryoto), de la lance (sojutsu), du lancer de pointe (shurikenjutsu), et du corps-à-corps (yawarajutsu). Aux armes s'ajoutent les disciplines liées à l'étude plus générale de l'art de la guerre et du commandement. Il s'agit de l'art du renseignement (ninjutsu), des fortifications (chikujojutsu), de la stratégie et de la tactique (gunbai heiho), de l'astrologie (tenmon chirigaku), et de certains aspects philosophiques.
De toutes ses disciplines jugées à l'époque nécessaires à la formation d'un combattant, seules sont enseignées activement celles liées aux armes, à l'exception du shuriken remplacé par des exercices de coupe. Le Mushin no Ryu considère toutefois que cultiver son esprit est aussi important que d'entretenir son corps ou de parfaire sa technique. Mieux vaut être un guerrier dans son jardin qu'un jardinier à la guerre. Aussi, l'accent est également mis sur l'échange et la confrontation des points de vue. L'accueil de nombreux pratiquants d'autres arts ou d'autres courants du Katori recèle en cela une richesse sans pareil. Il en va de même pour les discussions entre pratiquants du dojo. Esprit critique et esprit curieux sont ardemment encouragés.
Lorsque Iizasa Chōi-sai Ienao, le fondateur du Katori, s'en alla promouvoir sa méthode d'enseignement, il insista sur la nécessité de l'étendre à toute personne désireuse d'apprendre. Aucune distinction de rang, de fortune ou de potentiel ne devait entraver la possibilité de se former. Voilà une valeur que le dojo belge Mushin no Ryu entend maintenir. Ainsi, vous êtes toutes et tous les bienvenus pour vous initier à un art multi-centenaire, à un véritable art de vivre.
IAIJUTSU
La pratique de l'iaijutsu consiste à dégainer et utiliser un katana avec précision et fluidité. Il met l'accent sur la capacité à réagir rapidement et efficacement aux menaces ou aux confrontations soudaines.L'iaijutsu fait partie intégrante de nombreuses écoles d'arts martiaux. Dans la tradition du Katori shinto ryu, l'iaijutsu se conçoit à la fois comme un entraînement visant à former le pratiquant à manier le sabre dans une situation de champ de bataille ou de duel civil.
Onze kajo sont enseignés.
KENJUTSU
Le kenjutsu désigne la méthode, les techniques et l'art du sabre. A travers quatre kajo de base et cinq avancés, le pratiquant apprend à manier un boken (sabre de bois) et à structurer ses postures corporelles.
Le kenjutsu est la première discipline enseignée au sein de l'école car elle offre le cadre matriciel nécessaire quoi que difficile du rapport au maniement d'un objet inanimé. Le pratiquant se familiarise ainsi avec les notions de distance, de ligne et de rythme.
BOJUTSU
Le bojutsu se concentre sur l'utilisation du bō, un long bâton en bois. Contrairement au sabre, les techniques de Bojutsu révèlent au pratiquant des mouvements de frappe et de blocage.
Le bojutsu apprend à maintenir une distance sûre par rapport à l'adversaire qui, lui, se démène pour réduire l'écart. Rectitude et engagement du corps sont les maître-mots de cette discipline qui inculque l'importance de la verticalité et de l'horizontalité.
Six kajo de base sont enseignés.
NAGINATAJUTSU
Le naginatajutsu enseigne l'art de la naginata, la hallebarde de guerre. Traditionnellement dévolue aux femmes en raison de son allonge et de sa versatilité, elle est également affectionnée par les hommes pour ses mêmes vertus.
La maîtrise de la naginata inculque l'association tronc - hanches - jambes. Elle favorise l'ancrage. Face à la naginata, le sabre apprend quant à lui à faire face à deux extrémités - l'une tranchante et l'autre contondante.
Quatre kajo de base sont enseignés.
KODACHI
Entre le wakizashi et le tanto, le kodachi est une épée courte qui peut servir d'ultime secours. Pratique dans les petits espaces, elle se manie à une main.
Le kodachi réaffirme l'importance de l'esquive avant la parade, la nécessité des changements de ligne et l'utilité d'un bon jeu de jambes. Le pratiquant apprend à entrer dans la sphère de son vis-à-vis, au bon rythme.
Le kodachi souligne les bienfaits d'une adéquate coordination 気剣体一[KiKenTaiIchi] - l'alliance esprit, sabre, corps. Toute la subtilité technique est ici requise.
Trois kajo de base sont enseignés.
RYOTO
Le ryoto consiste en le maniement simultané de deux sabres, l'un long et l'autre court. La principale difficulté réside dans la coordination des mouvements.
Le ryoto affine la conscience du jeu d'épaules, des coudes et du bassin. Il favorise la dissociation des côtés gauche et droit du corps. La maîtrise de cette discipline nécessite la bonne incorporation de tous les principes liés aux armes précédentes.
Quatre kajo de base sont enseignés.
YAWARAJUTSU
Le yawara est l'ancien terme désignant en partie les techniques de corps-à-corps du jujutsu contemporain. Il diverge néanmoins de son pendant moderne en ce qu'il se concentre, à l'instar des autres disciplines de l'école, sur le combat en armure.
Les principes fondamentaux des mains nues demeurent mais l'accent est mis sur les différents éléments de l'armure et la manière de les agripper pour amener son opposant au sol. Cette discipline est donc intrinsèquement fonction de son contexte et rappelle à nouveau l'importance du corps dans le maniement des armes.
Trente-six techniques existent mais toutes ne furent pas transmises. Un travail de recherche est en cours pour les exhumer.
SOJUSTU
Le sojutsu, ou l'art de la lance, enseigne le maniement de la yari. Si de nombreuses formes et longueurs existent, l'école de Katori se concentre sur une lance à pointe droite mesurant entre 2,80m et 3,30m. Il s'agit de l'arme principale des champs de bataille, hors armes de jet.
La discipline incite l'utilisateur de la yari à la patience puisqu'il détient l'avantage de la distance et de l'initiative. L'enjeu consiste à équilibrer les mouvements de piquée avec le rythme du défenseur.
De son côté, le sabre apprend à faire confiance à son placement, à susciter les attaques et à maintenir la pression lorsqu'il parvient à entrer dans la sphère de son opposant.
Six kajo existent, deux sont pour le moment enseignés.
TAMESHIGIRI
Le tameshigiri est un exercice de coupe. Au vingt-et-unième siècle, il se pratique majoritairement sur du tatami ou du bambou - parfois les deux ensembles.
Il s'agit d'un bon indicateur de la qualité de l'incorporation des enseignement techniques, corporels et de l'esprit. La moindre variation est visible et reflète au pratiquant le chemin qu'il reste à parcourir.
Contrairement à l'iaijutsu, le tameshigiri se pratique avec une lame tranchante.